Association Alphonse Jourdain

Soirée du 11 octobre 2917 : Presse et médias ; Le grand chambardement

By on 14 octobre 2017

PRESSE ET MEDIAS : LE GRAND CHAMBARDEMENT

par Guy REVELLAT

Bonsoir à tout le monde.

Content de retrouver les amis d’Alphonse Jourdain dont certains ont fait avec moi la visite fort intéressante de l’Arsenal il y a quelques jours .

Ce soir , si vous le voulez bien nous allons parler d’un sujet qui est et demeure toujours d’actualité: Je veux parler de la presse et des médias que je connais un peu.

Je suis un ancien journaliste à la Dépêche du Midi, ( carte de presse N° 32 233 ), et je ne dis pas journaliste de la Dépêche du Midi mais bien journaliste à la Dépêche du Midi puisque la différence est importante , et toujours correspondant du journal Le Monde depuis 34 ans.

J’aurai pu vous raconter l’histoire de la presse depuis Gutenberg jusqu’à l’arrivée fracassante du numérique sous la forme d’un cours plus ou moins magistral documenté, structuré et sérieux , mais j’ai préféré travailler sur un axe plus vivant et plus d’actualité pour une seule raison : espérer vous donner l’occasion de participer à un débat riche , totalement ouvert, où toutes les idées, surtout si elles sont contradictoires, seront les bienvenues.

Albert Londres, journaliste et écrivain qui est « la » référence chez tous les journalistes ou presque ( il a donné son nom à un prix qui récompense les meilleurs journalistes du moment , grands reporters de presse écrite ) avait coutume de dire à son rédacteur en chef quand il remettait son papier : « Excusez-moi, je n’ai pas eu le temps de faire court.»

En effet, tous les journalistes savent qu’il est toujours beaucoup plus difficile de faire court que de faire long, puisque l’exercice consiste à tout dire en un minimum de lignes. Je vais donc essayer de faire comme mon illustre confrère ,en sachant que l’art d’être à la fois complet et concis est difficile. Faute d’avoir la science infuse, je vais donc vous donner simplement mon point de vue sur le monde de la presse et des médias , ce qui signifie que ce que je vais dire , et qui sera forcément incomplet, n’engage que moi, au même titre que chacun d’entre vous qui se fait sur le presse en général une opinion différente que celle de son voisin au regard de la sacro sainte objectivité des journalistes.

Sur ce point je rejoints mes confrères qui sourient quand on leur parle d’objectivité , car l’objectivité en général n’a de sens que celui qu’on lui donne , et notamment en matière de presse.

Moi, je ne connais que l’honnêteté intellectuelle dans l’exercice de mon métier, car l’objectivité , tous les journalistes le savent, est subjective. Nous pourrons en débatte ,si vous le voulez ,tout à l’heure.

 LE PRÉALABLE ÉCONOMIQUE

Il faut savoir, et c’est un préalable, que les entreprises de presse sont des entreprises privées, et qu’à ce titre, elles font ce qu’elles veulent quand elles veulent et n’ont donc aucune obligations de « service public ».

Sur le plan économique, le secteur de la presse , et notamment la presse écrite, est un secteur vivant , en pleine mutation, en pleine révolution même , mais également en sérieuse difficulté économique et déontologique pour trois raisons:

D’abord parce que, et vous allez être surpris, un grand nombre de Français a arrêté de fumer depuis plusieurs années. Cet argument peut paraître effectivement bien éloigné de notre sujet et pourtant il est bien réel.

J’explique :

Avant, c’est-à-dire avant-hier puisque tout s’accélère à une vitesse folle, nous allions chercher nos cigarettes au bureau de tabacs-journaux du coin pour acheter nos cigarettes, certes, mais aussi notre journal et éventuellement d’autres revues. La baisse de la consommation de tabacs à laquelle nous assistons encore a eu et a toujours pour conséquence la fermeture dans d’énormes proportions des points de vente de tabacs-journaux . En clair, ce que l’on appelait la vente en kiosque a considérablement chuté à cause de la fermeture des tabacs partout en France. Il a fallu trouver d’autres solutions pour maintenir ou augmenter les ventes des journaux. Nous y reviendrons …..

Ensuite , avec la crise économique , les entreprises petites et grandes ont , depuis des années , réduit leurs budgets Pub. C’était pour elles le premier poste budgétaire sur lequel elles pouvaient faire des économies pour éviter la casse sociale.

Pour l’industrie de la presse, la réduction drastique des ressources publicitaires s’est traduit par un manque de trésorerie énorme qui a fragilisé les entreprises . Un seul exemple que je connais bien : celui de la Dépêche Du Midi de Toulouse qui se vend au numéro 1,10 euro , pour un coût de fabrication de 1,40 euro je crois. La Dépêche du Midi de Toulouse, comme beaucoup d’ autres journaux en France, produisent donc à perte. Ils réalisent leur chiffre d’affaires et leurs bénéfices sur la publicité et bénéficient des aides de l’Etat .

En 2014 , (ce sont les chiffres les plus récents), les aides de l’Etat ont été de 136, 8 millions d’euros dont environ 114 millions pour les supports papier et 23 millions d’ Euros pour le numérique, par le biais du Fonds stratégique pour le développement de la presse . Le plus grand bénéficiaire de cette manne financière de « l’Etat providence » n’est pas la presse elle-même , mais le syndicat du livre dirigé majoritairement par la CGT qui gère la distribution de la presse partout dans le Pays et qui dicte sa loi aux patrons de presse et à l’Etat . Reste pour les journaux papier et numérique 22,9 million d’euros à se partager .Or, les deux phénomènes, l’effondrement des ressources publicitaires et les aides réelles mais insuffisantes de l’Etat , se cumulent. Le prix du millimètre Pub papier, de la seconde à la radio ou à la TV est indexée au tirage de la presse , au taux d’écoute des radio ou sur le taux d’audience des chaines de TV.
Plus le tirage des journaux est important, plus le taux d’écoute est élevé , plus le taux d’audience des chaines TV est à la hausse, et plus le prix de la Pub , sous toutes ses formes, est élevé. Logique. Il est donc capital pour la presse d’être lu et surtout achetée , écoutée ou vue pour pouvoir continuer à exister . C’est une question de survie, vous l’avez compris.

C’est la raison pour laquelle la compétition entre médias est féroce. Derrière la concurrence effrénée qu’ils se livrent , se cache des parts de marchés gagnées ou perdues qui expliquent , sur le plan déontologique notamment , beaucoup de choses.

Les journalistes invitent souvent leurs lecteurs , leurs auditeurs ou les téléspectateurs à lire plusieurs journaux, à écouter plusieurs radios ou à suivre plusieurs TV pour des raisons essentiellement éthiques. Il faut savoir que dans le monde assez autarcique de la presse, la guerre entre médias est sans merci on l’a vu, , mais pour autant, quand un titre disparaît , c’est toute la profession qui est en deuil. En effet, pour les journalistes , la mort d’un confrère est toujours vécu comme une parcelle de démocratie qui s’en va . En effet, tous les journalistes s’affrontent quotidiennement sur le terrain , mais tous sont favorables à la pluralité de la presse qu’ils assimilent à une bonne santé de la démocratie, et comme le meilleur garant de la déontologie journalistique.

Sur ce point précis, ils ont raison. En effet, vous avez tous remarqué que, par exemple , quand un coup d’état se produit dans

un pays, tout le monde constate que les assaillants mettent immédiatement la main sur la presse pour museler l’information. C’est un signe qui ne trompe pas.. .

Enfin, aujourd’hui plus qu’hier , on assiste en France a des regroupement de médias au sein de même des entreprises de presse. Je ne sais si cela est une bonne ou un mauvaise chose. Sur le plan économique et financier, on comprend aisément les rachats , les fusions et les regroupements qui constituent des groupes de presse très puissants et qui confèrent à leurs dirigeants un pouvoir considérable , mais de l’autre côté du miroir aux alouettes , c’est la déontologie des journalistes et l’indépendance des médias qui sont sujets à caution. Ainsi , à l’image de la carpe et du lapin Rothschild s’est offert Libération depuis belle lurette , et le Figaro s’est glissé depuis longtemps dans la poche droite de l’empire Dassault qui vend des armes. On pourrait ainsi, multiplier les exemples.

Sur ce point extrêmement sensible , les journalistes qui ont l’habitude d’aller chercher les informations à la source avant de les restituer, vous diront toujours d’ aller voir l’ours du journal ( le petit encadré discret généralement en pied de page , qui donne l’organigramme du journal avec le nom de ses propriétaires et celui des dirigeants ) ou l’organigramme des grands médias sur Internet pour savoir qui finance quoi et qui est propriétaire du journal, de la radio ou de la TV.

Question fondamentale , car dans l’identification des propriétaires et actionnaires , il y a souvent la réponse aux questions que le lecteur, l’auditeur ou le téléspectateur est en droit de se poser. Le réflexe d’aller voir qui finance quoi n’est pas naturel, certes, mais je puis vous assurer qu’il est utile pour mieux comprendre comment fonctionne la presse en France.

Il faut savoir que la meilleure indépendance d’un journal ou d’un média , quel qu’il soit ,est avant tout son indépendance financière. Cette aspect économique sur lequel j’insiste est fondamental. Dites moi qui vous finance, je vous dirais qui vous êtes.

 UN BEAU MÉTIER

Sur le plan personnel, je dois dire que le métier que j’ai exercé pendant 40 ans m’a passionné. Il m’a permis de rencontrer une foultitude de gens: des chefs d’entreprises , des syndicalistes , des agriculteurs, des commerçants , des artisans, des responsables politiques et des élus, des artistes , des comédiens , des médecins , des professeurs d’universités , des avocats mais aussi des policiers, des gendarmes, des pompiers , des magistrats, quelques voyous et plusieurs escrocs aussi….

Tous m’ont raconté leurs vies, leurs difficultés , leurs espoirs , leurs réussites et leurs échecs. Tous m’ont personnellement enrichi de leurs différences, et m’ont beaucoup appris. J’ai rencontré des gens modestes d’une ‘honnêteté admirable, et des gens socialement puissants dont le comportement m’a profondément déçu. J’ai vu l’inverse aussi. Certains m’ont parfois remercié , d’autres m’ont insulté, et j’ai même été menacé de mort. Bon, on s’y fait . Il est vrai que le journaliste est un peu voyeur , assis gratuitement aux premières loges devant le spectacle quotidien de la vie des autres. C’est le revers de la médaille.

Sur un autre aspect de ce travail de journaliste, ou aucune journée ne ressemble à celle de la veille, j’ai apprécié l’impérieuse nécessité de devoir sans cesse me cultiver, apprendre encore et toujours lire les grands auteurs et les confrères aussi , ,mais également de bien quantifier l’énorme responsabilité de transmettre une information propre, vérifiée, respectant la vie privée des gens. Pour moi, l’objectivité en général et celle des journalistes en particulier , n’existe pas .

Par contre, l’honnêteté intellectuelle s’impose dans l’exercice de ce métier. Nous pourrons , si vous le voulez à l’heure du débat , développer cette idée et bien comprendre la différence qui existe entre les faits et les commentaires journalistiques.

ET INTERNET RÉVOLUTIONNE TOUT !

L’arrivée d’Internet dans le monde de la presse a fait l’effet d’une bombe.

La toile a tout bouleversé , tout bousculée, tout chamboulé sur la forme comme dans le fond, obligeant tout le monde à opérer une révolution dans les comportements vis à vis des lecteurs , des auditeurs, des téléspectateurs et des internautes, devenus des consommateurs multimédias. Dans un même mouvement, les journalistes de plume ,amoureux de la littérature et des belles lettres ont cédé le terrain aux jeunes informaticiens qui ont pris le pouvoir dans les rédactions en s’appropriant les outils informatiques pour gagner en efficacité. Et la presse a tourné une page de son histoire avec l’arrivée en fanfare d’Internet. Désormais, les journalistes n’écrivent plus. Ils rédigent à fond la caisse sur leur clavier d’ordinateur, comme les gens parlent dans la rue. Tout s’est alors accéléré pour le meilleur et pour le pire .

Le code de déontologie, c’est -à-dire l’Alfa et l’Oméga des journalistes, le garant d’une information sérieuse, vérifiée , respectueuse de la vie privée des gens a volé en éclat. Le seul principe qui écrase tout sur son passage depuis l’arrivée d’Internet , désormais, c’est la rapidité dans la recherche et la diffusion de l’info. Tout le reste ne compte plus.

Plus on informe vite, plus on fidélise ses lecteurs , ses auditeurs , ses téléspectateurs, et plus le taux d’audience augmente avec l’indexation immédiate de ses recettes de Pub . Alors plus rien ne résiste à cette nouvelle norme qui fixe le droit de vie ou de mort sur toutes les entreprises de presse.

C’est la foire d’empoigne, la course à l’échalote à n’importe quel prix pour décrocher le meilleur audimat qui, désormais, dicte loi du marché. Avec, au final , dans la presse ,les radios ou la TV son lot quotidien de dérapages incontrôlés assez consternants .

DÉRAPAGES

A ce stade, ne m’en veuillez pas trop d’être assez critique avec mes confrères, notamment les plus jeunes qui sont souvent assez contents d’eux , ont beaucoup d’appétit et assez peu de scrupules. Les journalistes de la presse écrite , désormais , laissent passer pas mal de fautes d’orthographe et de syntaxe car on a supprimé les correcteurs pour optimiser les profits , certains journalistes radio qui s’écoutent beaucoup parler , développent l’information en injuriant un tantinet le Français académique, comme s’ils étaient entre copains au café du commerce , et les stars de la TV , dont on arrive plus à discerner qui est animateur, qui est producteur et qui est journaliste, font trop souvent le buz en cédant à la facilité de l’exagération permanente , de l’agressivité gratuite ou de l’info  « people » dans le seul but de faire de l’audience.

C’est le détail croustillant , la petite phrase , ou le dérapage verbale qui sont devenus important. A TF1 les salaires sont indécents ; 40, 45, 50 000 euros par mois pour animer des jeux d’argent débiles ou écouter l’inusable Jean-Pierre Pernault nous annoncer qu’à Saint Vivies les Foins, au fin fond de la France profonde , un paysan a récolté une courgette de 50 KG. C’est consternant.! Ou encore , ce jeune journaliste looké qui nous explique , tout excité avec son petit micro à la main, un soir d’hiver, que les routes sont rendues glissantes à cause du mauvais temps , ou un soir d’été , qu’il faut se protéger du soleil la journée et boire de l’eau en cas de canicule. Désolant! Vraiment désolant!

A la TV, les invités servent trop souvent de faire valoir aux animateurs . C’est eux qui plantent le décor, fixent les règles, coupent la parole à leurs invités, fussent-ils candidats à l’élection présidentielle , et concentrent à l’envi leurs interventions sur ce qui va déclencher la polémique ou faire le buzz , plutôt que de poser des questions sérieusement intelligentes afin d’ obtenir des réponses sérieusement solides sur de vrais sujets de fond . En cas d’erreurs, de fausses infos diffusées , de fautes professionnelles graves, personne ne s’excuse. Le monde médiatique semble incapable de se remettre en question et s’abstient toujours de faire amende honorable. Il est vrai qu’il a propension à se regarder le nombril sans se poser de questions.

Trop de journalistes ne veulent ni entendre ,ni écouter et encore moins comprendre ce que tout le monde sait : à savoir qu’ils exercent une des profession les plus détestée par le plus grand nombre de Français.

Mais le paradoxe ne s’arrête pas là . Dans ce maeltröm médiatique , désormais , tout le monde invite tout le monde pour s’auto promotionner. Les journalistes de la TV invitent leurs confrères des radios ou des grand journaux pour témoigner ou commenter l’information , qui eux même interviews les stars de la TV. Dans le jargon journalistique on appelle ça « faire des ménages. ».

Christian Barbier et son inusable écharpe rouge et Franz Olivier Giesbert , notamment , savent très bien de quoi je parle.

Chacun y va de son numéro. Léa Salamé , et elle n’est pas toute seule, ne pose pas de questions, elle passe son temps d’antenne à agresser verbalement ses invités. Moi, je ne supporte pas cette façon de travailler , mais je dois avoir tort puisque le taux d’audience de ses émissions est excellent . Pour me consoler, un confrère me disait que les Français ont la presse qu’ils méritent …..Vaste programme!.

On pousse même la plaisanterie, avec l’appui et le renfort des sondeurs, des experts en tous genres, des politologues à l’initiation désormais instituée du décryptage. Nathalie Saint Cricq y excelle. François Lenglet est incontournable . Sans eux, impossible de comprendre ce qu’on nous dit.

En clair , l’info est systématiquement décryptée, car le vulgum pecus que nous sommes n’est ni assez éclairé, ni assez intelligent pour comprendre et analyser tout seul ce qu’on lui dit à la TV ou à la radio. Désormais il est invité à penser ….ce qu’on lui dit de croire.

Et ce , même quand toute la presse , unanime dans l’erreur , s’est trompée dans les sondages , dans les analyses politiques et dans ses commentaires pour les élections américaines, pour le Brexit et pour les primaires des élections présidentielles! .Tout le monde est sur la même longueur d’onde. Tout le monde dit la même chose en y ajoutant son assaisonnement , Ainsi l’info du matin est déclinée toute la journée à la radio ( en interne , France info s’appelle Radio perroquet chez les journalistes ) et à la télé, puis reprise le lendemain par la presse écrite.

LA MÊME INFO MAIS PLUSIEURS PARTITIONS

Toutefois, si la presse fait ses gammes à l’unisson autour du même concert d’informations, chaque média dirige sa partition avec une baguette différente pour la mise en musique .

Pour la presse écrite :

L’équipe composée d’un rédacteur , d’un photographe et d’un secrétaire de rédaction, fonctionne de manière indépendante. L’accent est mis sur la rédaction de l’article orchestrée par le rédacteur. C’est lui qui donne le « la ».

Le photographe est invité à « taper « ( on dit taper une photo dans notre jargon ) qui va illustrer les propos du rédacteur . Quand le texte et les photos se répondent et se complètent, alors les deux éléments de l’article sont envoyés au secrétaire de rédaction. C’est lui, au siège du journal qui , depuis ce qu’on appelle le desk , va mettre tous les articles en page avec le souci de hiérarchiser l’information , de la plus importante en ouverture de page , à la moins importante en pied de page. Tout le cheminement de cette information est extrêmement rapide.

Le rédacteur, le photographe et le secrétaire de rédaction ont tous les trois le même titre de journaliste au sein de la rédaction et sont titulaires d’une carte de presse avec chacun, un numéro personnel délivrée par une commission paritaire où siège les représentants du Syndicat National des Journalistes ( SNJ ) et les représentant patronaux des entreprises de presse. L’obsession : pour la presse écrite : privilégier l’information chaude ( c’est à dire,celle qui tombe le plus tard possible et sortir le scoop quotidien ) pour griller ses confrères.

Pour la radio :

L’équipe est composé d’un journaliste qui va sur le terrain chercher du son , rien que du son et toujours du son , et des interviews. Il shoote son travail « On line « c’est-à-dire en direct , au siège où travaille ses confrères en studio. L’obsession : aller plus vite que tout le monde pour fidéliser ses auditeurs et être le premier sur l’info. On voit que les journalistes de presse écrite et des radios courent toujours derrière le temps.

Pour la télévision,

Un seul objectif: l’image. L’homme le plus important d’une équipe de TV , n’est pas le journaliste ni le preneur de son. C’est le caméraman. Car la télé ne cherche que l’image .

C’est à partir du film que tout se joue. Sans images, pas d’info et le sujet , même majeur est déclassé s’il n’y a pas d’image. Le   présentateur TV assure élégamment le service après vente. Il a pas été cherché l’info. On la lui sert sur un plateau.

Il n’a pas bonne presse, chez ses confrères, journalistes de terrain, mais a les faveurs des téléspectateurs avec qui il a rendrez-vous tous les soirs devant le petit écran , et l’attention toute particulière des femmes si c’est Laurent Delahouse qui assure le JT. Evidemment……Ses confrères tous un peu jaloux de lui , l’on surnommé de la housse. ..de couette.

ET LES RÉSEAUX SOCIAUX S’EN MÊLENT .

Il reste encore dans le concert médiatique un nouveau venu incontournable les réseaux sociaux. Avec eux, le socle, la base , les fondations du fonctionnement de la presse non pas en France , mais partout dans le monde , se sont effondrés. Les réseaux sociaux échappent aux journalistes .Ils ne maîtrisent plus l’info , ils la subissent puisque tout un chacun peut en user et en abuser . Ici, il n’y a plus de contrôle, plus de limites dans l’horreur , l’absurde , le dérisoire ou l’extraordinaire ou l’essentiel. Tout est désormais permis.

Pour moi, les réseaux sociaux c’est n’importe quoi , tout de suite. C’est le nouvel accélérateur de particules de la presse. Incontrôlé , incontrôlable. On y trouve le pire et le meilleur. Ce peut être le déversoir numérique de ce qu’il y a d’ infiniment petit chez l’homme , la poubelle intellectuelle des incompris frustrés qui ont du temps à perdre , des injures à proférer , ou de la haine à distiller.

A contrario, c’est aussi le réceptable de belles réflexions, de la parole libérée , de réactions spontanées , de belles histoires, de vérités révélées, et de bonnes informations pratiques ou sans intérêt . Les réseaux sociaux c’est encore le jouet numérique préférée des jeunes qui en usent, en abusent, et s’en amusent… . Ils envoûtent , abêtissent , séduisent , manipulent et envahissent le terrain médiatique tellement rapidement que la presse prise de vitesse coure derrière, et les citent au conditionnel au risque de se perdre, car rien n’est vérifié puisque rien n’est vérifiable. Tout le monde est sans filet et la confiance d’hier accordée à la presse s’en est alléee….Définitivement.

Car, dans le flot énorme et continu des réseaux sociaux se glissent de plus en plus souvent ce qu’on appellent des « fake news ». En Français de France : de fausses nouvelles. C’est la nouvelle tendance à la mode des réseaux sociaux qui copient les « une » des journaux et inventent de fausses histoires.. Et les spécialistes de la fausse info qui font le buzz , sont malins et talentueux. Une des vraies fausses infos par exemple affirmait il y a peu, qu’ Emmanuel Macron, , vivait avec Mathieu Gallet , le PDG de Radio France. Brigitte s’en est émue ….bien sûr, avant que son mari de candidat ne soit obligé de démentir .

Sur un plan plus large, les réseaux sociaux , et c’est une bonne chose, interdisent désormais de pouvoir cacher la vérité au plus grand nombre, notamment dans des pays ou les dictateurs ne veulent pas entendre parler de liberté de la presse. . Le printemps arabe a vu fleurir la vérité sur la vraie vie des dirigeants arabes, via les réseaux sociaux. La Corée du Nord est cernée par les réseaux sociaux. Les frasques rageuses, échevelées et décoiffantes de Donald TRUMP, qui s’est mis à tweeter aux chefs d’Etat pour accélérer la marche du monde à son profit , sont désormais relayées en direct par la presse du monde entier. Poutine aussi a du mal à retenir l’information qu’il veut cacher.

Désormais, tout le monde facebook , tout le monde tweete. Il est vrai qu’il ne se passe pas un événement sur la planète , même insignifiant, sans qu’une armée de téléphones portables filme et mette la vidéo en ligne instantanément sur les réseaux sociaux qui tournent en boucle à l’infini. Et le « tourner manège » ne s’arrête jamais…..

 

ELECTIONS.

Il serait vraiment dommage de conclure notre propos sans parler du fonctionnement de la presse en période électorale ;

En effet, toutes les périodes électorales, depuis toujours, électrisent la presse. Les journalistes se délectent. Quelques-uns arrivent à se surpasser dans l’exagération du superlatif et du politiquement …incorrect.

Dans toutes les rédactions du lanterneau médiatique, tout le monde sait qu’en période électorale , le tirage et l’audience doublent , voir triplent. Alors, on double on triple les moyens et les rédactions phosphorent à plein régime.

Ces périodes électorales sont incontestablement le meilleur moment pour vivre en interne des heures et des jours extraordinaires où le journalisme prend toute sa dimension. Le rythme s’accélère, la machine s’emballe. Les politologues, les experts, les sondeurs et autres spécialistes enchaînent leurs analyses et commentaires sur toutes les chaines, sur toutes les radios et dans les journaux, tout comme les candidats et leurs porte-paroles.

C’est de l’information intensive du matin au soir et même la nuit ,quand chacun rêve à un monde meilleur à l’issue du résultat des élections, la presse, elle , ne dort jamais. Elle créée des rubriques nouvelles, des magazines spéciaux , des émissions inédites , et les initiatives explosent .Moi je trouve que c’est chouette ! Ca bouge , il se passe quelque chose d’important !

Il est vrai que la pays entier est à l’écoute. Il a besoin de savoir , il a besoin de comprendre , il a besoin de peser le pour et le contre , donc de s’informer avant de décider pour qui il va voter. Ca tombe bien, la presse est là pour ça.

La dernière campagne présidentielle est le parfait exemple de ce que je vous dis. Avec des spécificités: pour moi, elle a rarement été aussi imprévue dans les premiers résultats des primaires, aussi déroutante avec l’accumulation des affaires, aussi violente dans les propos des candidats de tous bords. On notera que le Canard Enchaîné qui est un journal à part dans le monde de la Presse française a toujours plus ou moins joué un rôle important en période pré- électorale. ( j’ai quelques exemples à vous citer si vous le souhaitez tout à l’heure ). S’agissant des présidentielles, la presse a quasiment toujours le même tempo aa l’encontre du président. Au lendemain de l’élection , c’est la période du léchage de bottes. Tout le monde flatte le vainqueur.Le roi est mort, vive le roi. Puis au regard des premières difficultés dues aux réalités du pays, la presse unanime se met en mode lâchage. Tous les médias commencent a critiquer celui qu’elle glorifiait la veille encore. Arrivé en fin de mandant le président est assuré d’être la victime désignée au lynchage organise de la presse .Ainsi, le triptyque léchage, lâchage lynchage est immuable…..;

Enfin, pour terminer, j’ouvrirai une page sur la presse locale car je sais que sur ce sujet , les questions ne manqueront pas . Sachez donc que la presse locale est comme toutes les autres : une presse privée , donc libre de sa ligne éditoriale et de ses prises de positions. Elle n’a pas d’obligations de service public et gère librement et en toute indépendance sa façon de fonctionner. On aime, on n’aime pas . On critique, on critique pas . On achète , on achète pas . Chacun fait ce qu’il veut . Tout le monde aura remarqué aura remarqué que la concurrence est souvent inexistante sur des territoires entiers : la Dépêche su Midi règne en Occitanie, Ouest France en Bretagne, Midi Libre à Montpellier , l’Indépendant à Perpignan , le Dauphiné Libéré à Grenoble , Nice matin à Nice , l’Est Républicain à Nancy La Voix du Nord à Lille. La Montagne à Clermont Ferrand etc..

Ainsi, et pour conclure, malgré ses travers corporatistes, ses gros défauts, son impopularité et sa trop grande dépendance à l’argent , il faut tout de même reconnaître que la presse a un rôle et une influence considérables dans la vie des Français. Qu’on l’aime ou qu’on la déteste, elle est , dans sa pluralité, incontournable .

Combien serons-nous encore à voter , à acheter , à raisonner son voisin ou a se faire une opinion personnelle demain en fonction de ce que nous auront lu , entendu ou vu à la TV? L’information , qui n’est pas une science exacte, n’en reste pas moins un besoin évident dans la vie quotidienne de tout le monde . Il n’en reste pas moins que le système d’un monde médiatique obligatoirement un peu fou , est actionné par des femmes et hommes. Certaines, certains sont honnêtes, d’autres pas .

Et il est , comme dans toutes les professions, , des journalistes sérieux, compétents, courageux au point de mettre leur vie en danger pour nous informer. Ceux-là , et j’en connais pas mal , je les salue confraternellement. Les autres je les ignore. Ils sont à plaindre.

Alors, souhaitons que notre presse qui aime à faire son boulot et trouve normal d’être critiquée ,même sévèrement , puisse continuer à oeuvrer en France comme elle le fait tous les jours , car il est des pays où cette liberté de ton et d’esprit , n’est pas autorisée, tout simplement parce que la liberté de la presse n’existe pas.

Après ce tour d’horizon forcément incomplet , j’attends, avant le dîner , mais avec gourmandise plein de questions de votre part , auxquelles je vais m’efforcer de répondre.

Je vous remercie de m’avoir écouté.

 

Guy REVELLAT pour Alphonse Jourdain

 

LES GRANDES AFFAIRES REVELEES DU CANARD ENCHAINE

Paris (AFP) – Le Canard enchaîné, à l’origine des révélations sur les emplois présumés fictifs de Penelope Fillon, a dévoilé depuis les années 70 de nombreuses affaires qui ont ébranlé le monde politique français.

-Thierry Lepaon (2014) –

Publication du devis de la rénovation de l’appartement de fonction du secrétaire général de la CGT (150.000 euros, 105.000 d’après l’intéressé) et du coût de la rénovation de son bureau (62.000 euros). Thierry Lepaon démissionne de ses fonctions deux mois plus tard.

Alliot-Marie (2011) –

Révélation des vacances en Tunisie de la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, fin 2010, après les premières manifestations contre le président Ben Ali, et des largesses dont elle a bénéficié d’un homme d’affaires proche du pouvoir. MAM démissionne quelques semaines plus tard.

Chirac (2002) –

Publication d’un rapport sur les « frais de bouche » somptuaires du couple Chirac lorsqu’il résidait à l’Hôtel de Ville de Paris: plus de 2 millions d’euros entre 1987 et Deux ans plus tard, l’enquête se solde par un non-lieu.

Faux électeurs (1997)

Révélation des 3 à 4.000 électeurs inscrits illégalement par le RPR dans le Ve arrondissement de Paris, fief de Jean Tiberi, alors maire de Paris. Celui-ci est condamné en 2009 à dix mois de prison avec sursis et trois ans d’inéligibilité.

Juppé (1995)

Révélation de l’appartement de 180 m2 de la ville de Paris dont le Premier ministre Alain Juppé dispose depuis 1990 à un prix inférieur à celui du marché. Quatre mois plus tard, le parquet de Paris classe l’affaire, à condition qu’Alain Juppé déménage.

Hervé Gaymard,

Le journal satirique a dévoilé d’autres scandales similaires: logements sociaux des enfants du maire de Paris Jean Tiberi (1995), appartement de fonction du ministre de l’Économie Hervé Gaymard, contraint à la démission (2005).

Bérégovoy (1993) –

Révélation du prêt, sans intérêts, d’un million de francs consenti en 1986 à Pierre Bérégovoy par l’industriel Roger-Patrice Pelat, un ami de François Mitterrand, pour l’acquisition d’un appartement parisien. Très vite, s’installe la suspicion sur l’intégrité du Premier ministre. Le 1er mai, il se suicide, sans un mot d’explication.

Touvier (1989)

Révélation de la protection accordée à Paul Touvier, ancien chef de la milice lyonnaise sous l’occupation allemande, par l’Ordre des Chevaliers de Notre-Dame, une association catholique traditionaliste. En remontant cette filière, les enquêteurs arrêtent Paul Touvier. Il est condamné en 1994 à la perpétuité pour crimes contre l’humanité.

Avions renifleurs (1983)

En 1975, deux escrocs persuadent la direction d’Elf-Erap qu’ils ont inventé un procédé permettant de détecter depuis le ciel les gisements pétroliers. Avec l’accord de Valéry Giscard d’Estaing, l’entreprise publique conclut deux contrats pour le développement de ces « avions renifleurs ». La supercherie est mise au jour en 1979. En 1981, la Cour des comptes chiffre les pertes à 1 milliard de francs, dans un rapport confidentiel. Le Canard dévoile l’affaire en 1983.

Papon (1981)

Révélation du rôle du ministre du Budget Maurice Papon (RPR) dans la déportation des juifs quand il était secrétaire général de la préfecture de Gironde. Il est inculpé en 1983 de crimes contre l’humanité et condamné en 1998 à dix ans de réclusion criminelle.

Bokassa (1979)

Révélation des diamants offerts à Valéry Giscard d’Estaing par le dirigeant centrafricain Jean- Bedel Bokassa entre 1970 et 1975. Le président affirme que le produit de ces cadeaux a été versé à des oeuvres humanitaires centrafricaines. L’affaire empoisonne sa campagne présidentielle perdue en 1981.

Impôts (1972)

Publication de la déclaration fiscale de Jacques Chaban-Delmas, qui n’a pas payé d’impôt sur le revenu pendant quatre ans par le biais d’un moyen légal. Son rival Valéry Giscard d’Estaing le devance haut la main au premier tour de la présidentielle de 1974.

 

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